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Ce blog n'est pas un livre construit mais un ensemble de touches d'émotions ou de réflexions nées de quelques années de parcours professionnel et amical dans trois pays du Sud essentiellement : Haïti, Congo RDC et le Sénégal. Vos commentaires sont bienvenus autour de ces textes sans prétention. Juste un partage pour aussi faire découvrir de belles histoires au Sud et des moins drôles. Et n'oubliez pas de cliquer sur "plus d'infos" pour voir la suite de chaque billet !

samedi 11 juin 2011

LES RICHESSES FOUTENT LE CAMP : LA FORÊT D'ABORD

Ecrit en juillet 2006. Actualisé en juin 2011


Juste une réflexion qui vient dans le métro, loin de mes amis africains, mais parce que leur avenir est dans ma tête : les richesses de la terre sont détruites, tranquillement, gravement. Les réserves d’énergie fossiles s’épuisent. Les forêts disparaissent. Des champs deviennent des autoroutes ou des lotissements des villes. L’eau reste rare et deviendra plus rare et on en sent même les conséquences en Europe. Des sols s’appauvrissent. La terre n’est pas ingrate mas on la maltraite. Les poissons disparaissent des mers. La couche d’ozone diminue. On va où ?
Je n’ai pas la compétence de parler de toutes les ressources que la terre prodigue. Je me contenterai d’une illustration avec les forêts.

Sur les forêts

Un site Internet donne cette carte de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique. Cela ne fait pas frémir ?

  « Dans quelle proportion la déforestation réduit-elle les forêts ? L´Organisation des Nations Unies pour l´alimentation et l´agriculture (FAO, 1997) a estimé que dans les pays en développement, le rythme annuel de la déforestation se chiffre à 15,5 millions d´hectares pour la période allant de 1980 à 1990 et à 13,7 millions d´hectares pour la période 1990-1995. Au total, au cours de cette période de 15 années, c´est environ 200 millions d´hectares de forêt qui ont disparu. Pour mettre ce chiffre en perspective, 200 millions d´hectares, c´est un territoire plus étendu que celui qu´occupe le Mexique ou l´Indonésie.
La FAO (Drigo, 1997) rapporte que l´évolution du territoire couvert par les forêts entre 1980 et 1990, en Afrique, est largement due au fait qu´elles sont défrichées pour laisser place à de petites exploitations agricoles ainsi qu´à des cultures et à des pâturages permanents, à quoi s´ajoute le ramassage du bois de chauffage, cause d´une dégradation lente et progressive. On estime que ce sont les pressions exercées par la population rurale qui sont le principal facteur de ces changements »[1].
En Haïti,la situation devient terrible : « es dernières générations vieilles d’au moins une trentaine d’années ont connu cette diversité biologique, sorte de tableau impressionnant qui progressivement perd de son attrait et de sa consistance pour arriver aujourd’hui au point critique de moins de 2% de couvert végétal. Cette destruction féroce et rapide est fraîche si bien que leurs archives cérébrales pourraient encore leur indiquer où se trouvait tel ou tel arbre, même quand les racines ne se voient plus à l’endroit[2] ».

La forêt : instrument de sécurité alimentaire et de santé publique
On a beaucoup insisté sur le rôle de la forêt pour l'amélioration du climat et la réduction de l'érosion. Mais on oublié trop souvent que les forêts nourrissent les hommes du Sud, en période de famines mais pas uniquement. Dans bien des contrées les gens avaient l'habitude d'enrichir le plat de couscous de mil avec du moringa olifeira (plein de protéines) ou du leptadenia Hastata (un puissant antibiotique à large spectre). En outre, les forêts regorgent de plantes médicinales et avec la pauvreté, la prolifération des médicaments frelatés les populations rurales se tournent de plus en plus vers les tradi praticiens et la médecine traditionnelle... qui prend ses plantes dans les forêts. Mais on néglige trop ces savoirs et les matières premières qui leur permettent d'exercer leur métier (Voir mon prochain site :"PASSION NATURE SUD", 

L'aloe vera : magie de la nature au Sud
Alors, on finance comment ?

On peut bien rester dans une logique productiviste : « Tu veux acheter une parcelle dans la banlieue ? Pas de problème dès lors que tu présentes un titre de propriété ! » Et l’institution financière ne s’interroge pas sur les paysans qui ne pourront plus cultiver ! C’est du développement cela ?
Un grand gourou de la microfinance disait un jour, très sérieusement, en réunion avec des grands responsables de la coopération française : « on se plaint que la microfinance ne finance pas le long terme ? Mais ce n’est pas un problème. Si quelqu’un veut planter des arbres il n’a qu’à planter quelques arbres en première année, puis quelques arbres en seconde année et il rembourse avec les autres activités ! » Et c’est ainsi qu’on règle le problème du reboisement ?

Un jour, il faudra s'occuper du financement des forêts mais aussi de ceux qui en connaissent la valeur : les tradi praticiens.

Il y a beaucoup de dégâts dans le monde sur les ressources.


[1] . http://www.rcfa-cfan.org/index.html (réseau des conseillers forestiers de l’ACDI
[2] / Abner SEPTEMBER, ent : Pourquoi faire ou comment le réussir ? », Alterpresse, vendredi 22 avril 2005

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