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Ce blog n'est pas un livre construit mais un ensemble de touches d'émotions ou de réflexions nées de quelques années de parcours professionnel et amical dans trois pays du Sud essentiellement : Haïti, Congo RDC et le Sénégal. Vos commentaires sont bienvenus autour de ces textes sans prétention. Juste un partage pour aussi faire découvrir de belles histoires au Sud et des moins drôles. Et n'oubliez pas de cliquer sur "plus d'infos" pour voir la suite de chaque billet !

lundi 13 juin 2011

ENFANTS ET MAMANS : LE RISQUE DE NAÎTRE EN HAÏTI

Alterpresse (une super agence de presse en Haïti) nous livre ces jours cet article qui fait froid dans le dos. Petites vies difficiles à venir. Et les mamans qui craignent tant !!!


Femme et enfant à Molette Gérardn dans l'Artibonite
P-au-P., 12 juin 2011 [AlterPresse] --- Des organisations haïtiennes estiment alarmantes les conditions de plus en plus dégradantes de la maternité et de la petite enfance en Haïti, où le taux de mortalité tend à augmenter ces dernières années.


« La maternité dans le pays est un véritable problème (…) Un regard sur les conditions dans lesquelles les femmes donnent la vie laisse voir quelque chose d’effrayant », estime la docteure Lise Marie Dejean, responsable de l’axe santé-femme de la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa).

En Haïti, actuellement, une femme sur 37 court le risque de mourir de causes liées à la grossesse durant la période de procréation (15-49 ans). La mortalité maternelle constitue la deuxième cause de mortalité chez les femmes, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Les risques augmentent
« Haïti travaille depuis longtemps pour diminuer le taux de mortalité infantile, le taux de mortalité avant l’âge de 5 ans (…), et le taux de prévalence du Sida. Toutes ces valeurs ont diminué, sauf le taux de mortalité maternelle qui a tendance au contraire à augmenter », indique Lise Marie Dejean.

Des statistiques officielles et internationales estiment qu’en 1986, le taux de mortalité maternelle était entre 457 et 486 décès pour 100 mille naissances vivantes. Entre 1990-1999, il a atteint la barre de 523 décès pour 100 mille naissances vivantes. Entre 2005-2011, il est de 630 décès pour 100 mille naissances vivantes.

En 2002, selon OMS, les taux de mortalité maternelle et infantile en Haïti, – considérés comme deux des indicateurs de développement de la santé les plus sensibles – étaient les plus élevés de la région et parmi les plus élevés au monde, soit 50 à 100 fois plus élevé que celui du Canada et des Etats-Unis. En 2008, on estime que 80% des naissances ont lieu en dehors du système de santé, tandis que 19% des femmes enceintes n’ont aucune opportunité de se faire examiner par un médecin.

De nos jours, selon Lise Marie Dejean, le taux de mortalité maternelle oscille entre 12-15 décès pour 100 milles naissances vivantes au Canada et aux Etats-Unis, 25-28 décès pour 100 milles naissances vivantes au Chili et en Argentine, 85 pour 100 milles naissances vivantes en République Dominicaine, 30 pour 100 milles naissances vivantes à Cuba.

Le compte rendu de réunion du 15 février 2011 du Groupe sectoriel santé (Cluster santé) soutient que la couverture de soins prénatals est faible. 76 pour cent des accouchements sont effectués par du personnel non qualifié et 25 pour cent des accouchements connaissent des complications. Certaines sources, dont des experts en santé publique, font savoir que le taux de mortalité maternelle peut-être actuellement beaucoup plus élevé dans certaines zones du pays, surtout les plus reculées.

Des causes multiples
Rose-Anne Auguste, conseillère technique de l’Association pour la promotion de la santé intégrale de la famille (Aprosifa) attribue les causes de cette situation catastrophique à l’éloignement des centres de santé, aux conditions socio-économiques des femmes, à l’absence d’infrastructures routières et au manque de ressources humaines qualifiées.
60% des ménages ruraux habitent à environ 15 km du centre hospitalier ou du dispensaire le plus proche. De plus, ces centres disposent de faibles capacités d’intervention, indique le PNUD.

Selon l’OPS-OMS, les causes le plus souvent à la base de la mortalité maternelle en Haïti sont la grossesse extra-utérine, l’hémorragie du post-partum, les maladies infectieuses et parasitaires, le décollement prématuré du placenta, l’éclampsie et les complications consécutives à un avortement. « La pénalisation de l’avortement oblige les femmes à faible revenu à risquer leur vie en ayant recours à l’avortement dans de mauvaises conditions. C’est un grand risque pour la santé des femmes, qui se traduit par un taux élevé de mortalité maternelle », soutient l’organisation de défense des droits des Femmes, Enfofanm dans un atelier sur la sexualité, la santé et la violence contre les femmes, en 2003.

Selon un dossier de presse de l’Alliance pour la survie et développement de l’Enfant, de « Konesans Fanmi se Lespwa timoun », publié en 2001, le niveau d’éducation a une grande influence sur la mortalité maternelle et sur la réduction de la mortalité infantile.
« Les femmes sans instruction utilisent moins les services de planification familiale, et ont en moyenne 6,1 enfants, comparé à 4,8 chez celles ayant un niveau d’instruction primaire », lit-on.

L’autre facteur qui influe sur les conditions de la maternité et de la petite enfance en Haïti est selon quelques organisations féministes haïtiennes l’irresponsabilité paternelle.
Olga Benoit, membre de la Sofa a déclaré en 2008 à AlterPresse, qu’en Haïti, environ 47% des mères ou femmes enceintes sont abandonnées par leurs partenaires, qui « ne prennent pas leurs responsabilités ».

Des solutions intégrées
« Il faut traiter le problème de deux manières : pourvoir le pays de services de santé et promouvoir la participation de la population à la gestion des services de santé », relève Rose-Anne Auguste.

Selon elle, il faut rendre accessibles aux femmes des services de santé partout dans le pays, établir des cliniques de santé sexuelle mixtes pour informer les femmes et les hommes sur la sexualité et des cliniques prénatales pour l’accompagnement des femmes pendant leur grossesse, préconise la spécialiste.

La formation d’infirmières sages-femmes s’impose autant que celle des accoucheuses traditionnelles, appelées matrones, « une grande richesse », selon Lise Marie Dejean. Cependant, selon les spécialistes, dans un pays où 70 pour cent de la population vit avec moins de deux dollars par jour, la seule manière de permettre aux femmes d’accéder convenablement à des soins est la gratuité des services.


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