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Ce blog n'est pas un livre construit mais un ensemble de touches d'émotions ou de réflexions nées de quelques années de parcours professionnel et amical dans trois pays du Sud essentiellement : Haïti, Congo RDC et le Sénégal. Vos commentaires sont bienvenus autour de ces textes sans prétention. Juste un partage pour aussi faire découvrir de belles histoires au Sud et des moins drôles. Et n'oubliez pas de cliquer sur "plus d'infos" pour voir la suite de chaque billet !

vendredi 29 juillet 2011

BIODIVERSITE : QUELQUES IMAGES P0UR SE REPOSER

L'année 2010 avait été décrétée année de la biodiversité, 2011, celle de la forêt. Durant mon séjour en France j'ai essayé de partir à la rencontre de cette biodiversité en Europe et de vous en faire part par des photos que je prends le temps de collectionner. Mon plaisir. Cette nature qui nous entoure, au Nord comme au Sud, est impressionnante de beauté, d'harmonie. Un capital à transmettre, au Nord comme au Sud, à nos enfants car, dans le monde animal, chacun joue sa partition. Les pesticides et autres produits de l'homme peuvent tuer ce monde qui nous fait vivre et nous protège. 


Le développement, c'est comme la photo. Il suffit de regarder la vie. Et d'en tirer les conclusions à partir de la vie réelle, pas de ce que nous croyons en savoir. Si nous ne prenons pas le temps de flâner auprès d'un lac, alors nous ne connaîtrons pas cette vie grouillante. Si nous ne vivons pas avec les gens, alors les projets que nous montons sont surréalistes, à côté de la vraie vie. 


A déguster sans modération. Et "NO COMMENT" comme dirait Euronews.


Vous pouvez reproduire ces photos. Dites le moi simplement. Merci. Bernard


Abeille, devenue rare, en vol
Une autre abeille
Un bourdon
Un autre bourdon. Admirez les fleurs !

Encore un bourdon
L'abeille charpentière

Un gendarme



mardi 26 juillet 2011

INTERVIEW DE MUHAMMAD YUNUS « LE MONDE DOIT SORTIR DE LA LOGIQUE DU PROFIT »

http://www.secours-catholique.org/actualite-dossiers/economie-au-service-de-l-homme/interview-de-muhammad-yunus-le-monde-doit-sortir-de-la,9729.html

Le Secours catholique publie une interview intéressante de Mohamed Yunus. A part l'erreur classique de désigner  Yunus comme fondateur du Micro crédit (C'est Raiffeisen à la fin du 19ème siècle) ses propos sont intéressants, comme critique de la micro finance et comme force de proposition pour le social business.

Crédit : KYODO/MAXPPP
Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix en 2006 et promoteur du microcrédit, défend dans un nouveau livre l’idée d’une économie plus humaine (1). Il en explique les fondements à Messages.

Quelle est l’importance pour le monde de ce que vous appelez le social-business ?
L’économie sociale ne représente aujourd’hui qu’une infime part de l’économie mondiale. Imaginer une économie déconnectée du profit fait peur car le monde reste aveuglé par la cupidité. Or cette conception de l’homme, représentée par le modèle économique actuel, est étriquée et ne rend pas compte de sa dimension altruiste. Avec le social-business, je démontre qu’il est possible de faire des affaires tout en agissant sur un problème de société. Prenez l’exemple de Grameen Danone qui produit des yaourts enrichis à un prix abordable pour les familles pauvres du Bangladesh dans le but de lutter contre la malnutrition. Est-ce pour autant que cette entreprise française a perdu la tête ? Je ne crois pas.
Quelle est la différence entre entrepreneuriat social et social-business ?
L’entrepreneuriat social est un mot très populaire, souvent confondu avec le social-business. Il recherche le profit tout en répondant à un problème social. Or le principe fondateur du social-business repose sur l’absence totale de dividendes. Un investisseur peut récupérer la somme qu’il a investie dans une entreprise sociale, mais pas plus. Autre exemple : la Grameen Bank est certes une entreprise à but lucratif, mais elle appartient aux personnes pauvres, qui réinvestissent les bénéfices. C’est donc un social-business.
Y a-t-il des limites au social-business ?
Non, aucune. Cette économie possède un potentiel énorme compte tenu du nombre de pauvres. Imaginez le nombre d’entreprises sociales que nous pourrions créer rien que pour permettre l’accès de chaque foyer à l’énergie ! Des sociétés seraient créées pour distribuer à prix abordable des panneaux solaires à chaque famille. Leur objectif ne serait pas de faire du profit mais de protéger la planète. J’ai créé en Haïti un fonds pour le social-business. Au lieu d’attendre que les institutions internationales reconstruisent le pays, j’encourage les Haïtiens à créer des entreprises sociales afin de relever leur économie nationale. Par ailleurs, le social-business ne se limite pas aux pays pauvres, il peut également se développer dans les pays riches, comme aux États-Unis, pour améliorer l’accès à la santé, par exemple. Il n’y a pas d’obstacle au développement du social-business car la créativité humaine n’a pas de limite.
Le social-business doit-il remplacer les associations caritatives ?
Non. Les associations sont indispensables pour répondre aux problèmes d’urgence, comme les catastrophes naturelles, les déplacements de populations. Toutefois je pense qu’au lieu d’attribuer des sommes considérables au développement des pays pauvres, il suffirait de consacrer 10 % de ces montants à la création d’un fonds pour le social-business. Je suis convaincu qu’avec ces 10 % on pourrait créer des entreprises sociales bien plus efficaces pour lutter contre la pauvreté. À une condition toutefois : que ces entreprises sociales soient créées sous l’impulsion des citoyens, sans que les gouvernements s’en mêlent. L’année suivante, on réitère l’opération avec la même somme pour aider à créer de nouvelles entreprises. Il s’agit tout bonnement de planter une graine, et de l’aider à grandir et à se multiplier. Le monde doit simplement réussir à sortir de la logique du profit.
Cette notion de profit a pourtant gangrené le microcrédit en Inde…
Il s’agit d’une dérive du microcrédit. Lorsqu’une institution de microfinance fait des prêts à des taux supérieurs à 15 %, on ne peut plus parler de microcrédit. Par ailleurs, les organismes qui entrent en bourse affichent une volonté de faire du profit et s’écartent des principes fondateurs du microcrédit.
Comment prévenir ce genre de dérive ?
Il faut imposer des limites aux taux d’intérêt à ne pas dépasser. Par ailleurs, chaque pays devrait créer une autorité de régulation du microcrédit, comme c’est le cas au Bangladesh depuis cinq ans. Cette autorité délivre une licence aux institutions de microfinance. Elle supervise leurs taux d’intérêt et permet une plus grande transparence. J’ai développé le microcrédit afin de permettre aux pauvres d’améliorer leurs conditions de vie. Je souhaite que cela continue.
Propos recueillis par Clémence Richard
(1) Pour une économie plus humaine, Éd. JC Lattès, 305 p., 20 euros.

jeudi 21 juillet 2011

DISCUSSION SUR UN BANC AUTOUR DU GENOCIDE DES PETITES BETES


La vie est bizarre. Un ami a créé un site qui s'appelle le banc. Il me demande d'écrire un texte pour son banc. Et moi, dans l'article précédent, je phosphore sur la disparition des abeilles et sur l'invasion des coccinelles.  Et me vient ce conte, testé avec des enfants, mais c'est en fait un conte pour adulte. Pardonnez moi. Bernard

La petite fille de huit ans, Diane de son prénom, était assise sur le banc.
Punie, puisqu’elle avait mal répondu à sa mère
Peu importe qu’on soit mercredi, jour des enfants,
Peu importe qu’il fasse beau (si rare en ce mois de juillet),
Une maman est une maman et on ne lui répond pas. Nah !

Alors le banc était le piquet de la petite fille tandis que son frère faisait du roller, sans oublier quelques pieds de nez à sa sœur punie.

Diane allait se laisser mourir d’ennui (et de rage contre sa mère) quand elle eut soudain de la visite impromptue : une abeille à droite, une coccinelle à gauche.

Diane a failli s’énerver avec la coccinelle : « quoi, encore toi ? J’étais en Vendée la semaine dernière, on ne pouvait même pas manger au restaurant. Vous aviez déroulé le tapis rouge, mais quel tapis rouge ! Un tapis rouge avec des pattes. Aujourd’hui on ne peut même pas faire un pas au jardin des tuileries et, pire, dans les parcs de Villejuif, sans tomber sur tes sœurs à sept points noirs sur le dos ? Vous aviez déjà fait le coup en 1991 (d’accord je n’étais pas née), en 1997 (pas née encore mais on m’a raconté) ou encore en 2005. Que vous a–t-on fait pour que vous vous preniez pour des Vikings, à nous envahir d’un coup d’un seul ? »

La coccinelle se fâche tout rouge (eh, eh, elle est bonne celle-là !) et répond aussi sec à la petite fille : « Dis donc, qu’est-ce que tu apprends à l’école ? On ne t’a pas dit qu’il y avait la sécheresse et que les paysans se dépêchaient de récolter ? Et toi, tu crois qu’on se cachait où ? Dans les champs de blé ! Mais avec leurs machines qu’on ne supporte pas, mais pas du tout (pollution par le bruit, par la poussière) ! Nous avons dû fuir : exode rural ! Et il y avait un de ces vents ! Nous avions la trouille de nous retrouver emportées en pleine mer. Mais nous avons été malignes. Nous avons sorti le train d’atterrissage pour descendre sur vos plages, sinon c’était le bouillon ! Et on peut cohabiter non ? Vous, vous avez bien cohabité entre la gauche et la droite. Vous pouvez bien nous faire une petite place sans rechigner ! ».
Diane est un peu ébranlée : d’une part parce qu’elle n’a pas l’habitude d’entendre une coccinelle parler. Encore moins faire de la philosophie. Diane se fait interpeller par sa mère.

 Elle l’envoie sur les roses (mais garde la coccinelle) : « ne me dérange pas. Je suis dans ma leçon de choses ». Comme il fait beau, la mère ne la ramène pas.

Diane n’est pas très chrétienne mais sait bien qu’on appelle les coccinelles les « bêtes à Bon Dieu ». Donc il faut faire attention à ce qu’on leur dit, des fois qu’elles iraient tout rapporter là-haut. Et puis comme les parents de Diane militent à gauche, elle sait ce que c’est que la solidarité. Donc faut faire gaffe avec les coccinelles…

Le banc commence à s’énerver. Ce dialogue, qui laisse de côté l’abeille ne lui semble pas du tout participatif. Certes, il aime la discussion (forcément la nature cela le concerne sinon on le remplacera par un ascenseur dans un grand « Crédit Lyonnais ») mais il n’empêche que d’ici là il faut savoir se parler pour lutter ensemble. Et il se met à parler :

Le banc : « Diane, vraiment, je crois que tu devrais moins regarder de dessins animés à la télé !. Tu écoutes ? Moi je vais te dire ce que notre amie la coccinelle a oublié de te dire : quand on coupe les champs de blés, cela ne libère pas seulement des sauterelles mais aussi des pucerons. Et les coccinelles sont les grands prédateurs des pucerons ».

Diane : « toi le banc, qu’est-ce que tu as contre les pucerons ? Tu n’aimes pas tout le monde ?

Le banc : « Tu as déjà vu des pucerons sur les rosiers de ta maman ? Tu as déjà eu des pucerons dans ton lit ?

Diane : « Les pucerons ? On n’en fait qu’une bouchée dans les rosiers. Un coup de « Round up » et l’affaire est réglée ! » Mais dis moi, banc, c’est quoi des prédateurs ? »

Le banc : « C’est difficile à expliquer. Ce sont des gens qui « mangent » les autres, par exemple Sarkozy, Berlusconi, Bush, Khadafi, Ben Ali. Des prédateurs, il y a en a plein le monde : à deux pattes, à quatre pattes, à six pattes ou sans pattes du tout. »

Diane : « Donc un prédateur, c’est méchant ? »

Le banc : « Non, il ne faut pas confondre. Les prédateurs dans le monde des adultes, ce sont des gens qui n’ont pas de bonnes motivations. Ils courent après l’argent, le pouvoir. Mais tu crois que la coccinelle est dans ce même monde ? Non, elle se nourrit seulement et en se nourrissant, elle arrange bien les affaires des grandes personnes. Grâce à elles, nous pouvons avoir des fleurs et des légumes sans pesticides ».


L’abeille : « Je peux en placer une ? Et Diane tu vas commencer par jeter le « round up » de ta mère. Toutes ces cochonneries qui nous tuent !»


Diane: « ok, mais tu restes à distance, car tu es une super hypocrite. Tu nous donnes du miel mais en même temps, si tu peux nous piquer, tu ne nous rates pas ! Il faut une vraie carapace de cosmonaute pour t’approcher ! Ma maman m’a toujours dit que quand tu approches il ne faut pas bouger et surtout fermer la bouche car si je t’avale et que tu me piques, je meurs ».

Le banc : « Diane, tu arrêtes ta parano ? »


L’abeille : « Banc, tu ne parles pas à ma place. Tu dis que tu es participatif mais tu as toujours le crachoir. Mais je dois parler et que personne ne m’interrompe ! Tout à l’heure, Diane ne m’a pas bien accueilli. A preuve : elle a discuté avec la coccinelle et pas avec moi. Alors que je suis victime d’un génocide ».

Diane : « banc, c’est quoi génocide ? »

Le banc : « Diane, c’est l’horreur : un génocide, c’est quand on tue tout un peuple. Volontairement, délibérément, juste parce qu’il ne serait pas de la bonne couleur, de la bonne race ou de la bonne religion. Comme les Allemands ont tué les Juifs lors de la guerre 39-45, comme les Serbes ont tué les musulmans à la dislocation de la Yougoslavie, comme des Tutsis ont été tués au Rwanda, avec des Hutus modérés. Il y a des formes plus complexes de génocide, comme Kadhafi qui tue son peuple, à ce qu’on dit mais je pense que c’est vrai ».

L’abeille : « dis, tu me laisses parler ? Arrête de penser pour nous comme les ONG de solidarité internationale !»

La coccinelle : « Eh ! Abeille, ne fais pas la maligne. En Vendée, sous prétexte qu’on les empêchait de manger, les touristes, mais surtout les hôteliers ne nous faisaient pas de cadeaux. Et le commerce des bombes insecticides (contre moi et mes sœurs) a dû marquer un pic ».

La maman de Diane commence à se poser des questions. Sa fille, punie, ne pleure pas ; Elle a juste les sourcils froncés. Concentrée. La maman n’insiste pas : quand il fait beau, quand on est dans un parc, on ne punit pas.

L'abeille : « Coccinelle, je ne fais pas la maligne. Mais tu devrais apprendre de notre peuple et de ce qui lui arrive. Il y a eu de sales histoires entre les hommes dans le passé. On croyait que l’affaire était finie. Mais regarde ce qui arrive aux Noirs qui viennent en pirogue depuis l’Afrique ? Regarde comment on traite les Harkis en France ? Regarde le devenir des Chicanos originaires du Mexique aux Etats-Unis. Alors, petite coccinelle, tu n’es pas protégée. Mais laisse moi te raconter mon histoire ».

La coccinelle : « Pourquoi tu pleures ? »



L'abeille : « Je ne pleure pas plus que Diane ou le banc. Regarde-les ! »




Tous : « Faisons gaffe, la mère de Diane va rappliquer ! »

L'abeille : « Allez, je vous dis tout. Mais ne répétez pas mes paroles sinon je risque d’être fichée. »



Tous : « tu nous fais confiance ou pas ? »

L'abeille : « Je suis bien obligée car moi aussi je risque de mourir, comme toutes mes sœurs qui sont parties. Le problème est qu’on n’a jamais trouvé leur corps. Faire le deuil sans corps, c’est difficile, non ? Que s’est-il passé ? Une sorte de collision qui nous a été fatale : des pesticides plus une bactérie qui est dans la nature ; il paraît que la rencontre des deux nous détruit. Ne me demandez pas de détails. Ce que je sais me vient des associations d’apiculteurs. Plutôt des gens qui nous aiment (forcément, ils gagnent avec nous … du profit ? En tous cas, les 35 heures ne sont jamais arrivées chez nous) mais ces associations se battent pour nous. Ce sont les scientifiques qui ont mis en évidence cette histoire de collision de pesticides et de bactéries. Le fait est que nous mourrons, nous mourrons, nous mourrons ».

La coccinelle : « Donc, c’est comme nous ? »

L'abeille : « Ne compare pas ce qui n’est pas comparable. Moi et mes sœurs nous travaillons pour la pollinisation. Cela veut dire, on prend le sperme ou les ovules d’une plante et on les porte sur une autre pour faciliter la reproduction. Toi tu ne fais que bouffer les pucerons. Tu ne crées pas la vie ».

Diane : « c’est quoi sperme ? C’est quoi ovule ? »

Manque de chance : les oreilles de maman traînaient. Banc sait faire diversion.

Le banc : « Diane, on ne dit pas « bidule ». On ne dit pas « spérance » mais espérance.

Maman à banc : « Je vois qu’on peut vous faire confiance. Vous savez élever le débat »

L'abeille : « Celle-là, elle commence à me faire braire. Je vais la piquer. »






Tous : « vas-y, vas-y »

L'abeille : « et la fin de mon histoire ?»




Tous : « vas-y, vas-y »

La maman : « vas-y, vas-y »

L'abeille : « Eh bien je dois vous dire au revoir. Je vais me sauver en Afrique. Là-bas, il n’y a pas de centrales nucléaires qui vous sautent sur les trompes et j’ai appris que là-bas les abeilles ne meurent pas. Je ne sais pourquoi. Mais au moins je pourrai produire le miel que je veux car là-bas, ils se moquent des normes de la commission européenne. Le pied : miel de brousse, miel d’acacia, miel de palétuvier ! »

La coccinelle : « Tu m’emmènes ? »

Et le banc pleura. Lui, il était rivé dans son parc et maintenant ses pieds lui faisaient mal.

mardi 19 juillet 2011

CES ABEILLES QUI MEURENT : UN VRAI SIGNE D'INQUIETUDE


 sans perdre son objectif.

Hormis la photo ci-dessous, toutes les illustrations viennent du site http://www.stocklib.fr où on trouve des photos libres de droit et sans filigrane.

Les abeilles cherchent l'eau sur un tuyau d'arrosage

Vous vous demanderez pourquoi je m’intéresse aux abeilles. Je ne suis pas spécialiste et suis incapable de dire si, sur la photo ci-dessus, prise par mon Canon  à Pointe Sarène, ce sont des guêpes ou des abeilles. M’en fous. J’aime cette photo.

Peut-être que je m’intéresse aux abeilles pour ne pas aborder les problèmes de fond de ce monde qui marche sur la tête. La dette, l’euro, tout cela va nous péter à la figure. Dans les pays que j’aime, entre autres Sénégal et Haïti, cela ne va pas bien. Au Sénégal,  les mécontentements populaires grandissent. En Haïti, le Parlement s’obstine à ne pas accepter les Premiers Ministres choisis par le Président nouvellement élu et qui ne manque pas d’énergie et de bonnes intentions. Et puis la solidarité internationale doit être revisitée : elle pêche trop par compromission avec les systèmes et ne remet pas en cause son substrat idéologique, qui est de faire de la souffrance un fond de commerce, de penser à la place des organisations de base des pays du Sud qui ont pourtant de l’épaisseur, inscrites dans leur histoire et dans des luttes anciennes. Bref, je mets la tête dans le sable, comme l’autruche… qui a un peu disparu du Niger. Mais ne vous inquiétez pas : ce qui apparaît sur ce blog n’est que la partie visible de l’iceberg…  Tout vient à point qui sait attendre…
Revenons aux abeilles. Ce n’est pas seulement par fuite que j’aborde ce chapitre. Je trouve un caractère symbolique à l’histoire qui peut se résumer à ceci : la conjonction des pesticides inventés par l’homme alliés à des bactéries naturelles tue une espèce animale qui, par son action de pollinisation, permet à la vie naturelle d’exister et aux plantes de se reproduire. Ces plantes qui nous nourrissent. Plus d’abeilles, plus de plantes, plus de nourriture… Ce n’est pas de la synergie cela ?

Deux phénomènes sont certains :
1.    Il y a disparition des abeilles, en masse et cela sur plusieurs continents ;
2.    L’Afrique (ouf !, pour une fois !) n’est pas touchée.



Disparition des abeilles en masse

Le phénomène de la disparition des abeilles ne fait aucun doute. Des sites scientifiques comme d’autres des agences gouvernementales ou internationales signalent la disparition des abeilles. Je citerai futura-sciences, Terre sacrée, Agoravox… L’évènement a donné aussi lieu à un article du très officiel site www.science.gouv.fr. Le dossier le plus complet vient de paraître sur le site du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) en mars 2011. Dans un article du 9 juillet 2011, Le Monde cite une nouvelle étude de la revue scientifique PLoS One qui pourrait bien apporter l’explication du phénomène.
Nous détaillons dans les paragraphes ci-dessous les caractéristiques de ce phénomène.



Où enregistre-t-on la disparition des abeilles ?

Principalement aux Etats-Unis et en Europe : 25 % des colonies sont décimées en Allemagne, idem en Suisse, au Portugal, en Grèce et dans de nombreux autres pays d’Europe. A Taïwan également 25 % des colonies sont décimées. Le taux de mortalité apicole atteint des records, de la fin de l’année 2006 à la fin de l’hiver 2007 : perte de 60 % des colonies aux USA et jusqu’à 90 % dans certains Etats de l’Est et du Sud ; 40 % des ruches se sont vidées au Québec. Le nombre de colonies d’abeilles a chuté de 85% dans les pays du Moyen Orient.

L’Afrique, l’Australie, l’Amérique du Sud ne sont pas touchées. Mais avec les flux d’humains et de marchandises du fait de la mondialisation, il ne faut pas crier victoire trop vite.

Comment se manifeste la disparition ?

« Du jour au lendemain la ruche se vide et l’on ne retrouve que peu ou pas de cadavre. Ce syndrome d’effondrement des colonies, appelé en anglais Colony Collapse Disorder (CCD) est décrit depuis les années 1970. Il est caractérisé par une absence d’ouvrières, seules restent la reine qui continue de pondre et quelques jeunes abeilles. Les rares adultes encore présents sont infestés par différents virus pathogènes et des champignons[1] ».

Quelles sont les causes identifiées ?

L’étude du PNUE indique : « Plus d'une douzaine de facteurs (allant de la diminution globale du nombre de plantes à fleurs et de l'utilisation d'insecticides nocifs pour la mémoire des abeilles à la propagation des ravageurs et de la pollution atmosphérique dans le monde entier) pourraient se cacher derrière le déclin des colonies d'abeilles observé dans de nombreuses régions du globe ».  
Le PNUE précise :
1.    De nouveaux types de champignons pathogènes virulents, qui peuvent être mortel pour les abeilles et les autres principaux insectes pollinisateurs, ont été détectés dans le monde entier ;
2.    Quelques 20.000 espèces de plantes à fleurs, dont de nombreuses espèces d'abeilles dépendent pour se nourrir, pourraient disparaître au cours des décennies à venir si les efforts de conservation ne sont pas renforcés très rapidement ;
3.    L'utilisation excessive de produits chimiques dans l'agriculture, par exemple les insecticides systémiques, est préjudiciable et toxique pour les abeilles ;
4.    Le changement climatique, si l'on ne fait rien pour le contrer, pourrait encore aggraver davantage la situation, et ce de différentes manières: en modifiant les périodes de floraison des plantes, ou encore en déplaçant les saisons des pluies etc. Cela pourrait également affecter la qualité et la quantité de production du nectar par les plantes, provoquant un cercle vicieux ;
L’article du Monde cité dans les sources, qui rend compte d’une étude scientifique est encore plus inquiétant.

En quoi est-ce grave ?

La réponse nous est apportée par Monsieur Achim Steiner, Secrétaire général adjoint de l'ONU et Directeur exécutif du PNUE : « La manière dont l'humanité gère ses actifs naturels, notamment ceux qui touchent aux populations de pollinisateurs, définira en partie notre avenir collectif au cours du 21e siècle. Le fait est que sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90 pour cent de la production alimentaire dans le monde, plus de 70 sont pollinisées par les abeilles. Au 21e siècle, les êtres humains ont fabriqué l'illusion qu'ils pouvaient être indépendants de la nature grâce aux prouesses de la technologie. Le cas des abeilles nous rappelle à la réalité: avec près de sept milliards de personnes sur terre nous sommes au contraire beaucoup plus dépendant des services que nous offre la nature».

Ce que j’en pense, comme simple terrien

1. J’ai peur.
J’ai lu encore que les abeilles et autres pollinisateurs sont en quelque sorte l’indicateur précoce de la santé du monde animal et végétal. Je dois dire que j’ai peur pour les générations futures. La déclaration d’Achim Steiner est très, très inquiétante.
2.    2. Il existe des pesticides très dangereux, pour les abeilles comme pour les humains.
Ils s’appellent Gaucho®, Régent® et ont été interdits en Europe. Mais ne les retrouve-t-on pas  dans les pays du Sud, véritable dépotoir des produits dangereux écartés du Nord ? Et le problème n’est pas résolu pour autant car de nouveaux produits similaires prennent le relais, aussi dangereux pour les abeilles. Ils sont distribués par Bayer sous plusieurs appellations : Gaucho, Merit, Admire, Confidore, Hachikusan, Premise, Advantage entre autres. le Cruiser, à base de thiametoxam, est également dénoncé par les apiculteurs.
3.   3. Nos sociétés occidentales productivistes sont vraiment, vraiment dangereuses.
Souvenons nous de la crise de la vache folle, de l’invasion des algues vertes, de H1N1 (OK cela venait d’Asie, mais de quelle Asie ?), plus récemment de la bactérie E.Coli (Qui viendrait d’Egypte ? Merci la mondialisation ! Mais on ne croît pas trop à leurs histoires car ils ont accusé l’Espagne, puis la Basse Saxe puis quoi encore … ?). Je ne ferai pas longue diversion sur la crise du sang contaminé ou sur les effets du Mediator qui relève plutôt du domaine de la santé.  Une chose est certaine : le vivant est malmené dans nos sociétés du Nord. Gravement, et cela n’est pas de bon augure pour l’avenir de la planète.
 4. On nous fait croire qu’il existe des normes et des agences de contrôle. Mais il ne fait nul doute qu’il y a collusion entre les entreprises qui recherchent le profit, quelle que soit la conséquence sur la planète et ceux qui travaillent dans les agences de contrôle.
 5.  Il est heureux que l’Afrique et l’Amérique Latine ne soient pas atteintes. Cela peut faire des débouchés pour le miel et tous les autres produits dérivés.
5.  
6.    A part des études sur le phénomène, nous ne voyons pas des actions vraiment concrètes dans les pays du Nord pour sauver les abeilles ; et les partis politiques, ceux qui feront les politiques dans les années qui viennent, ne se préoccupent pas vraiment de ces phénomènes. Comme les élus des régimes précédents, ils ne bougeront que lorsque les catastrophes seront arrivées.

Mes sources :



[1] / www.science.gouv.fr

dimanche 17 juillet 2011

L’HORREUR DES MOTS D’UN PREMIER MINISTRE FRANCAIS


Je vous entretiens ce jour d’un sujet qui ne relève pas vraiment de « Passions Sud ». Sauf que ce que je vais vous dire montre que la France « du haut » dérape, gravement en matière de compréhension de l’arc en ciel des cultures du monde . Les masques tombent. Cela ne peut que gêner, distordre nos relations avec les autres peuples.

De quoi s’agit-il ? J’explique pour mes amis du Sud qui ne suivent pas nécessairement l’actualité de la France. Eva Joly, intronisée candidate des verts à l’élection présidentielle de 2012, ose évoquer, le 14 Juillet, fête nationale, l’idée de remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un défilé citoyen réunissant des jeunes et des seniors.

François Fillon, Premier Ministre de la France, a dit à propos d’Eva Joly : «Je réagis avec tristesse. Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française».

Eva Joly est d’origine norvégienne, un pays d’Europe qui, comme la Suisse, a choisi de ne pas entrer dans l’Union Européenne. Eva Joly vit depuis 50 ans en France, a choisi la nationalité française et ses enfants sont nés en France. Elle garde de son histoire un accent qui est plutôt sympathique (pas pire que celui des Bretons ou des Alsaciens ou des Martiniquais !). Française elle l’est. Pas de doute là-dessus. D’autant qu’aujourd’hui tous les Français ne sont pas des Gaulois ou des Francs d’origine (à supposer que les Francs n’aient pas été des envahisseurs).
De plus lorsqu’elle était dans la magistrature, elle a sérieusement traqué les chefs d’entreprise, de gauche comme de droite, qui avaient commis des malversations.

Dans une interview accordée à Libération Eva Joly affirme  que sa « binationalité n’est en rien un handicap. C’est une richesse culturelle que je partage avec un grand nombre de nos concitoyens ». Elle considère comme «proprement inadmissible» qu'il établisse «une distinction entre les citoyens de naissance ou naturalisés».

Ce que je pense

1.    1. Eva Joly a partiellement raison sur le fond concernant le défilé du 14 juillet. Non pas qu’il faille supprimer la présence de l’armée dans le défilé. Mais montrer aussi des réussites de l’industrie française, des spectacles rappelant la richesse culturelle des régions, des sportifs qui assurent une belle représentation de la France à l’étranger ajouterait à la beauté de ce défilé.

2.   2.  Il est honteux qu’un Premier Ministre veuille établir plusieurs catégories de Français, qui plus est de réduire leur pensée à leurs origines passées ;

3.    3. Des insensés on fait surgir récemment en France un débat sur la double nationalité. Dans un rapport du 21 juin l'élu parisien de droite Claude Goasguen demandait que chaque Français, de naissance ou par acquisition, manifeste sa volonté d'appartenir à la nation française. Selon l'auteur du rapport, tout majeur devait ainsi faire part de cette volonté à l'occasion d'une cérémonie de remise de carte d'électeur en mairie. En cas de binationalité, il aurait été sommé de choisir. Le député remettait ainsi en cause le principe de la double nationalité en "exigeant" une telle décision. Certes, vu les désaccords au sein de son parti, il a du se rétracter un tant soit peu, en disant que son rapport n’était qu’un document de travail. Il est vrai que Jean François Copé, le secrétaire général de l’UMP a affirmé que  "un citoyen français binational a les mêmes droits, civiques notamment, et les mêmes devoirs, cotisations, impôts, etc." que les autres citoyens français (ouf !). Mais l’attaque reprend de plus belle avec Fillon. Sans compter qu’en septembre 2010 plusieurs députés de la Droite populaire avaient déjà tenté, via un amendement, de la supprimer. Mais le texte avait été repoussé en commission par le gouvernement[1]. De son côté, Marine Le Pen, chef de file de l’extrême droite, avait le 30 mai envoyé un courrier  aux 577 députés de l'Assemblée nationale, pour les presser de rouvrir le débat sur l'interdiction de la double nationalité. Selon son argumentaire, le "sentiment d'appartenance à une même nation" est menacé par la "multiplicité des appartenances à d'autres nations"[2].

4.    Ce débat a des relents très déplaisants. On a vu en d’autres lieux (Haïti, Côte d’Ivoire) à quel point il polluait la vie politique et sociale d’un pays.

5.    4. Avec les réflexions ineptes sur l’immigration, sur les Roms, sur les mariages mixtes, nous nous trouvons en face d’atteintes inacceptables aux droits de l’homme, tout cela pour la conquête de quelques voix à de prochaines élections.

6.   5.  Dira-t-on d’un enfant né en France de père français et de mère haïtienne par exemple, comme mon fils, qu’il « n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française » ? Ou qu’il ne l’a qu’à 50% ?

Des pompiers bien Français initient un gamin bien Français aussi

7. 6.  France Terre d’asile ? Le concept est bien malmené ces dernières années…

8.    7. Au fait, Sarkozy, de son vrai nom Sarközy de Nagy-Bocsa, fils de réfugiés juifs hongrois, est-il bien Français de France ?

En étant ouvert, notre pays s’enrichit culturellement. Et s’il s’enrichit, alors il est mieux à même de comprendre les autres cultures, celles du Sud notamment sans lesquelles, de toutes façons, la France ne peut vivre, à l’époque de la mondialisation.


[1] / Le Monde du 22 juin 2010
[2] / Idem