Retour en Haïti après une mission en Mars. Quand on arrive en Haïti on a les yeux braqués sur la ville : qu'est-ce qui a changé depuis notre dernière mission en mars ? Je n'ai pas encore parlé avec les amis haïtiens. Juste utilisé mes yeux. Dans l'avion, une demi douzaine de gens qu'on peut comparer à des cow boys : le GRCF (French rescue : uniformes (avec le pantalon des pompiers, de grosses lettres pour la pub de leur organisation, des casques qui pendouillent ostensiblement, toute une vraie panoplie. Des médecins ? Des mecs qui viennent sortir les morts du 12 janvier ? Grosses lettres sur t-shirt pour coup de pub à la télé.
L'hôtel est tout plein d'ONG. A côté de moi deux Blancs qui glosent sur des maisons à reconstruire, des boites à savons "qui verront le jour si on trouve le financement". Combien d'ONG travaillent en tous sens sur un nouvel habitat ? Je repense à cette mission qu'on avait faite avec mon ami Dominique en Afrique du Sud. Les Sud Africains avaient des modèles et une grosse réflexion sur l'habitat populaire. N'y a t-il pas des compétences locales capables de loger des milliers de gens ? Je repense à Inette, cette agronome haïtienne et son mari architecte qui avait fait des maisons qui ont toutes tenues et qui réfléchissent, LOCALEMENT, à un habitat bon marché et rapide à construire. Faut-il une expertise extérieure ou des financements ? Il y a aussi des Espagnols et d'autres, seuls, qui ne parlent pas. L'hôtel est vraiment plein, comme l'avion.
En traversant la ville, je suis effaré de retrouver les mêmes ruines et les mêmes tentes. Apparemment celles qui sont près de l'aéroport, nombreuses, très nombreuses ont bien tenu. Mais que dire de ces pauvres gens qui vivent sous tente depuis plus de 6 mois ? Les gravats traînent le long des rues, comme en mars. Signe des temps : tout le long de la route les Eglises en tous genres sont pleines. Les gens prient et prient et prient encore.
Puis je tombe sur l'article reproduit en fin de texte : langue de bois des "grands" politiciens qui disent qu'il ne faut pas s'impatienter. Et le Premier ministre Haïtien qui dit qu'il faut se dépêcher. Incompréhension notoire. Kouchner est satisfait et mort aux pauvres types (les Haïtiens ?) qui n'ont pas conscience de l'immensité du désastre, lui qui minimisait le nombre de morts ?
Comble de malheur : il n'y a pas de rhum Barbancourt 5 étoiles dans l'hôtel. Que du trois étoiles. Le problème n'est pas là : C'est quoi l'inflation pour les populations ? Il faut vraiment que je parle à mes amis haïtiens.
La suite bientôt.
Bernard Taillefer
NB : J’avais écrit en fin de texte à l’époque « Merci SIDI et CCFD de construire avec les Haïtiens ». Je ne suis pas sûr que j’écrirai cela aujourd’hui. Les discours n’ont pas été à la hauteur des enjeux.
Clinton et Kouchner plaident pour la patience dans la reconstruction d'Haïti
De Christophe SCHMIDT (AFP) – Il y a 5 heures
NEW YORK (Nations unies) — Un peu plus de huit mois après le séisme en Haïti, Paris et Washington ont mis en garde lundi contre l'impatience qui se fait jour sur l'île face aux lenteurs de la reconstruction.
"Ceux qui attendent des progrès immédiats sont irréalistes, et rendent un mauvais service à tous ceux qui travaillent si dur", a estimé la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton lors d'une réunion à New York en marge de l'assemblée générale des Nations unies.
Mme Clinton a toutefois souligné que les Haïtiens "ont besoin que nos bonnes intentions se traduisent en progrès concrets sur le terrain".
"Certains trouvent que cela va lentement, cette reconstruction d'Haïti, très lentement", a jugé de son côté le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner: "Et certains s'étonnent qu'avec tant d'argent récolté, il n'y ait pas des progrès très visibles. C'est qu'ils n'ont pas la notion de l'immensité du désastre (...). Il y a eu beaucoup d'argent, beaucoup de choses ont été faites, mais cela ne peut pas être immédiatement visible".
Les Etats-Unis sont de loin le premier donateur à Haïti, avec un engagement d'1,15 milliard de dollars lors de la conférence organisée en mars à l'ONU. La France est également dans les premiers rangs, avec une promesse de 326 millions d'euros.
Les deux dirigeants étaient réunis avec le premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive, qui a fait part ensuite de ses "préoccupations sur le rythme et l'importance de ce que nous faisons aujourd'hui".
"L'impatience monte, il y a des résultats à montrer tout de suite en Haïti", a expliqué M. Bellerive lors d'une réunion de la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH), coprésidée par l'ancien président américain Bill Clinton.
Le chef du gouvernement haïtien a réclamé notamment qu'une solution soit offerte sous trois mois à au moins la moitié de ses compatriotes ayant perdu leur logement, et qui survivent tant bien que mal dans des abris provisoires.
125.000 familles haïtiennes ont été installées dans des camps d'urgence au lendemain du séisme du 12 janvier.
Jean-Max Bellerive a cependant souligné que l'île avait échappé, grâce à l'intensité de l'aide internationale, aux épidémies et à une explosion de violence, et que 250 classes avaient pu être reconstruites à temps pour la rentrée scolaire.
Deux protocoles d'accord ont été signés lundi, l'un concernant l'implantation d'une zone industrielle dont on espère 10.000 emplois, et l'autre prévoyant le cofinancement, par la France et les Etats-Unis, de l'essentiel des travaux de construction de l'hôpital de Port-au-Prince.
Les pays donateurs se sont engagés à verser quelque 5,5 milliards de dollars d'aide en 2010-2011, et près du double au total sur dix ans.
Cette somme considérable ne suffira pas à reconstruire Haïti, a insisté Jean-Max Bellerive, qui a de nouveau fait appel lundi aux investissements privés. Il a aussi évoqué des "financements innovants" sur le modèle de ceux envisagés par l'ONU pour financer ses Objectifs du millénaire pour le développement, un ambitieux plan mondial de lutte contre la pauvreté.
Le coordonnateur humanitaire de l'ONU en Haïti, Nigel Fischer, avait estimé en juillet que l'urgence était désormais de "traduire le plan de reconstruction présenté à New York (en mars) en un programme d'actions très clair".
"Il faut établir des objectifs atteignables. La pression pour que les bailleurs versent l'aide augmentera alors", avait-il plaidé dans un entretien à l'AFP.
Bernard Kouchner se rendra samedi et dimanche en Haïti pour passer en revue l'aide mise en oeuvre par la France et "renouveler la solidarité" de Paris envers les Haïtiens, a-t-on indiqué dans sa délégation.
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