Notre presse française, comme la presse internationale, ne donne que des images négatives de ce pays. Accompagné d'un agronome haïtien, Paul Duret, très impliqué dans le développement local et à qui je dois beaucoup dans la connaissance d'Haïti, j'ai eu la chance de visiter des mornes pour analyser, dans le cadre de la réalisation d'un manuel de formation sur la gestion durable des terres, de visiter des mornes, les pratiques agro écologiques des ruraux de Furcy (sur les hauteurs de Pétion-ville) et de Plaisance (dans le Nord du pays), appareil photo en mains. Je rapporte donc ces images que je partage avec vous et je dis aux paysans haïtiens : "chapeau bas", vieille expression créole qu'on retrouve aussi dans les écrits de Victor Hugo.
La photo ci-dessous m'impressionne. Aménagements paysans tellement beaux !
Sur une pente incroyable, une famille paysanne réussit à planter. Les planches se succèdent aux planches suivant parfaitement les courbes de niveaux. En bas de la photo, on trouve les bananiers, cette réserve permanente de nourriture. Les arbres sont préservés.
Ailleurs, mais toujours à Furcy, je découvre une haie d'agaves pour lutter contre l'érosion. L'agave est une plante magique, dont on peut tirer un sucre supportable par les diabétiques.
De Furcy, sur les hauteurs de Port-au-Prince, nous passons au Nord du pays, dans la région de Plaisance. Nous traversons la savane désolée. Ce nom n'est pas de moi. C'est une appellation haïtienne.
Mais, "chapeau bas" comme disent les Haïtiens. C'est du travail, de longue haleine, de paysans.
Nous continuons notre route pour arriver chez Joseph, un ami de Paul. Paul est grandiose, d'amour pour son pays, de sa connaissance des problématiques agricoles, de sa recherche de solutions pour que les paysans aient des revenus sans détruire l'environnement. Son ami paysan aussi est impressionnant.
Joseph n'a pas étudié. Il cultive et sait faire. Il pratique naturellement ce qu'on appelle l'agro-foresterie. Trente ans de développement ne m'empêche pas de découvrir à nouveau. Voici ce qu'est l'agro-foresterie.
Je n'y aurais pas pensé: une plante peut en supporter une autre. Le mombin qui supporte des rames d'ignames :
La photo ci-dessous m'impressionne. Aménagements paysans tellement beaux !
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Paparrazi des pauvres, j'ai voulu prendre l'habitation des producteurs. La tristesse me revient.
Ces fleurs sont magnifiques. Elles sont très mellifères et et donc très recherchées par les abeilles.
D'autres réalisations réconfortent l'esprit. Ici ce morne toujours boisé à sa cime : un miracle en 2012 ! Malheureusement c'est loin d'être le cas partout.
Je découvre des plantes que je ne connaissais pas. Ici le calliandra, une plante fourragère qui a la vertu d'enrichir et de retenir les sols. Les paysans haïtiens connaissent leur métier mais, de cela, on ne parle pas dans la presse internationale.
Le calliandra |
Fleurs de calliandra |
L'innovation arrive en Haïti. La culture sous serre commence à se développer dans cette région de montagnes.
Cette randonnée à Furcy ne cesse d'apporter du plaisir aux yeux tellement on voit la main du paysan dans la mise en valeur des terres. Le diaporama qui suit en témoigne, accompagnée d'une belle musique de la chanteuse haïtienne Toto Bissainthe, malheureusement décédée. C'était une grande dame ! J'admets : tout n'est pas parfait. On verra des mornes dont le sommet est déboisé, des cultures qui menacent les arbres à proximité. Qu'importe ! Il y a vie ou... survie. L'action de l'homme, même négative, mérite respect ou compréhension et explication.
De Furcy, sur les hauteurs de Port-au-Prince, nous passons au Nord du pays, dans la région de Plaisance. Nous traversons la savane désolée. Ce nom n'est pas de moi. C'est une appellation haïtienne.
Les cultures sont rares. Les euphorbes dominent le paysage. les mornes sont nus. Une zone à faire revivre car c'est possible. Au long de la route, nous découvrons des aménagements que les spécialistes appellent des canaux de contournement. Beaucoup de travail. Je suis impressionné. je découvrirai par la suite que ce n'est pas la meilleure solution.
Mais, "chapeau bas" comme disent les Haïtiens. C'est du travail, de longue haleine, de paysans.
Nous continuons notre route pour arriver chez Joseph, un ami de Paul. Paul est grandiose, d'amour pour son pays, de sa connaissance des problématiques agricoles, de sa recherche de solutions pour que les paysans aient des revenus sans détruire l'environnement. Son ami paysan aussi est impressionnant.
Paul l'agronome (à droite sur la photo) et son ami paysan |
Nous, les néophytes du rural, nous pensons que c'est fouillis. L'agronome Paul me convainc que c'est génial. Les plantes se complètent les unes les autres. Certaines plantes fabriquent l'humus. D'autres apportent l'ombre. D'autres servent de tuteur. Les dernières retiennent le sol. Une vraie harmonie qu'il nous faudrait redécouvrir dans nos jardins et dans nos champs, ici en Europe.
Le Nesquick que boit mon fils au petit déjeuner est fait à base de cacao (enfin, je suppose : on peut avoir des doutes à l'ère de la malbouffe !). Je ne savais pas comment était fait un cacaoyer. Voilà, maintenant je sais :
Je n'y aurais pas pensé: une plante peut en supporter une autre. Le mombin qui supporte des rames d'ignames :
Enrichi de connaissances d'ailleurs, je pense au Leptadénia hastata qui, au Sénégal, est un antibiotique très puissant. Je cherche à savoir si cette plante existe en Haïti. A Plaisance, je n'ai pas la réponse. Mais on me présente une autre plante antibiotique : Les paysans l'appelle eskin. Je ne trouve sur Internet aucune information sur cette plante. Encore un savoir paysan à identifier.
feuilles d'eskin |
Je place une réflexion. Il existe de multiples plantes qui soignent les ruraux et ces derniers ont une connaissance infinie de ces potentialités médicales des plantes. Ils les utilisent abondamment. Faisant cela, ils permettent à l'état d'économiser sur des dépenses en médicaments importés, fabriqués à partir de plantes du Sud. Mais quand la forêt disparaît, c'est la boîte à pharmacie des paysans qui est vidée.
Je redécouvre une plante merveilleuse : l'arbre à pain. Des amis mènent une vraie recherche sur cette plante, à la fois source de nourriture, armoire à pharmacie : Le fruit mûr bien cuit soulage des brûlures. Le latex du tronc facilite la guérison des plaies ouvertes. Calme les douleurs dentaires. Il est utilisé contre l'hypertension sous forme de décoction d'une popote bouillie dans un litre d'eau, sucrée et consommée rapidement.
A la fin de cette mission je conforte mes convictions. Le peuple haïtien, celui des campagnes, a des savoir-faire et se bat pour mieux vivre. Ceux qui nous informent au niveau international, les ONG, omettent de nous parler de ce combat quotidien des paysans. Un jour la vérité viendra au grand jour.
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