J'emprunte ce texte. J'espère que je respecte tous les
droits. L'auteur est Gilles Clément, professeur invité sur la chaire annuelle
de Création artistique pour l'année académique 2011-2012 au Collége de France.
Hymne au jardinier, à l'écologie, nouvelle relation avec le vivant...
Source : Cléo/OpenEdition, Unité
mixte de services 3287, CNRS, EHESS, Université de Provence, Université
d’Avignon et des Pays de Vaucluse, 3, place Victor Hugo, Case n°
86, 13331 Marseille Cedex 3, France
Juste quelques phrases pour vous mettre en appétit, tirées de ce
texte :
"Le paysagiste règle
l’esthétique changeante du jardin (ou du paysage) ; le jardinier
interprète au quotidien les inventions de la vie, c’est un
magicien".
"Au jardin, il
suffit d’être et cela demande un silence. Le
silence dont je parle ne concerne pas l’espace de l’enclos – par nature
soumis au discret vacarme des animaux – mais celui qu’il faut aller puiser
au dedans de soi-même en se débarrassant un à un des encombrants savoirs, comme
on le fait de vêtements inutiles. La présence au jardin suppose l’esprit nu et le corps exposé. Il
est alors possible de risquer le rêve".
"Le jardin autorise le désarmement ;
quiconque pénètre le jardin bardé de certitudes se trompe de porte, car même si
le jardin est « botanique », hérissé d’étiquettes savantes, ce n’est
pas la science qu’il nous demande d’apprécier avec dévotion, mais l’incroyable
projet de nous livrer les clefs du vivant grâce à l’approche scientifique,
immédiatement conjurée par l’éclat des pétales de fleurs, le vol d’un bourdon,
le pèlerinage des fourmis, le cri pleuré du pic noir et tout à coup cette
lumière sur l’herbe rousse de l’été qui rejette dans l’ombre un sous-bois
inconnu, donc nouveau".
Ce texte ne se lit pas à la manière du zappeur,
du boulimique d'Internet qui veut tout voir sans rien entendre ni écouter. Il
porte sur les fondamentaux de notre planète et invite au changement de
paradigme.
Bonne lecture
Bernard