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mardi 30 août 2011

CRISE 3 : COMMENT ALLONS NOUS FAIRE FAILLITE ?


Cet article n'est pas de moi mais je n'ai pu résister à le porter à votre connaissance tellement il est limpide et me semble plein de bon sens. D'accord j'ai pris du retard sur les autres thèmes annoncés (important) mais nous avons à Villejuif une famille amie avec 4 enfants qui se fait expulser de son logement à une semaine de la rentrée. Cela c'est la crise au niveau des familles. Donc le soutien prend un peu de temps... Bonne lecture et pensez à vous inscrire comme membre de ce blog. 


Comment allons-nous faire faillite ? 
Cécile Chevré, Money Week, La financière, mardi 30/8/11

Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la crise, cher lecteur.
Une telle affirmation ne vous surprend sûrement pas, surtout si vous êtes un lecteur de longue date de La Quotidienne.
La crise n'a jamais pris fin – contrairement à ce que presque tout le monde vous disait en 2009. Elle s'est simplement transformée, se métamorphosant d'une crise de la dette privée à une crise de la dette publique.
Si nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la crise, c'est essentiellement parce que l'opinion publique a – enfin ! – pris conscience qu'elle n'était pas terminée et qu'elle frappait maintenant de plein fouet les Etats.
Par contre, les banques centrales et les gouvernements n'ont toujours pas compris que les solutions qu'ils appliquent obstinément depuis 2007 sont au mieux inefficaces, au pire destructrices. Nos pauvres autorités financières sont encore persuadées qu'elles doivent faire face à un problème de liquidité et non pas de solvabilité.
Alors, forcément, elles appliquent les mauvaises solutions : elles fournissent toujours plus d'argent aux Etats, banques ou sociétés en faillite en espérant que cela résoudra le problème. Et comme elles n'ont pas elles-mêmes cet argent, elles le créent ou émettent de nouvelles dettes. Des dettes pour soigner la dette...
Petit revue des dernières interventions des banques centrales
- 17 mars 2011 : Les banques centrales de la zone euro, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et du Canada décident une "intervention coordonnée" pour faire baisser le yen.

Traduction : vite, il faut agir, ce yen trop fort est en train de tuer l'économie japonaise !
- 3 août : La Banque nationale suisse (BNS) décide de manière assez imprévue de réduire ses taux à presque zéro. Le 10 puis le 17 août, nouvelles manoeuvres : la BNS vend des francs suisses sur les marchés pour affaiblir sa monnaie.
Traduction : catastrophe ce franc suisse est en train de nous tuer : qui va encore nous acheter du chocolat et des montres avec une monnaie aussi forte. Vite : agissons pour le dévaluer avant qu'il ne nous achève (malheureusement pour la Suisse, ces mesures n'ont pas fonctionné... le franc suisse se porte toujours à merveille face aux autres devises).
- 4 août : Nouvelle intervention de la Banque du Japon pour affaiblir sa devise en achetant du dollar et en vendant du yen.
Traduction : alors, là, c'est la catastrophe : il faut VRAIMENT que le yen baisse !
- 8 août : La BCE rachète des obligations espagnoles et italiennes.
Traduction : ai-je vraiment de besoin de traduire ? Il faut faire croire aux marchés que nous sommes en mesure de sauver l'Espagne et l'Italie en cas de besoin (alors que tout le monde sait qu'on va déjà avoir du mal à payer pour la Grèce...).
- 9 août : La Fed annonce qu'elle laissera ses taux très bas jusqu'à mi-2013 au moins.
Traduction : alors... quels moyens d'actions nous reste-il ? Taux zéro, fait. Assouplissement monétaire 1 et 2, fait. Bon, bah, on va annoncer qu'on laisse les taux à zéro pour très longtemps. Comment cela, ce n'est pas vraiment un moyen d'action ?
- 26 août : Discours de Bernanke à Jackson Hole. Le président de la Fed annonce... qu'il ne fera rien et ce malgré une économie en berne.
Traduction : la Fed a épuisé ses moyens de lutte contre la crise, il ne lui reste plus que le QE3 dans son carquois et elle ne veut l'utiliser qu'en cas de nouvelle dégradation de l'économie. Bref, QE3 il y aura, mais pas tout de suite... attendons que cela aille encore plus mal.
Conclusion : aucune de ces interventions n'a eu l'effet escompté. Les banques centrales sont absolument démunies non seulement contre les fluctuations de leurs monnaies mais, de manière plus générale, contre cette Crise II.
Pourront-elles empêcher les défauts de paiement des Etats ? Hum... à votre place, je ne parierais pas que oui.
Que va-t-il se passer maintenant ? 
Plusieurs scénarios de défaut de paiement sont envisageables. Dans son dernier numéro de La Crise (que vous pouvez télécharger ici), Henry Regniault en propose une typologie.

"On peut penser que les Etats-Unis vont choisir (ont déjà choisi) la voie monnaie de singe, en organisant la dépréciation du dollar par rapport aux autres monnaies. Mais que feront-ils lorsque les prêteurs étrangers ne voudront plus de monnaie de singe : voie régalienne pour les étrangers, faux-cul pour les nationaux ?", explique Henri Regnault.
"En zone 'Euro canal historique' la voie monnaie de singe est bloquée par une Allemagne allergique à toute forme de dépréciation monétaire (ils ont donné après la première guerre mondiale et ils en gardent un souvenir cuisant... Hitler et la deuxième guerre) : seule la voie misérabiliste semble ouverte ; elle tiendra un certain temps mais si un minimum de mutualisation ne se met pas en place, les plus faibles sortiront de l'Euro avec une mesurerégalienne (conversion de la dette Euro en nouvelle monnaie nationale, à parité... soit un Euro Club Med pour un Euro canal historique) pour ensuite emprunter (si j'ose dire !) la voie monnaie de singe par dépréciation de l'Euro Club Med."
Si un tel scénario advient, vous serez ravi de détenir un peu d'or. Pas forcément beaucoup... un peu de pièces, peut-être un lingot. En tout cas, entre 10% et 20% de la valeur totale de vos actifs.

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